En lisant Reims de Michel le Grand, huitième ouvrage de la collection « Sites et Monuments » publié chez Arthaud en 1932, et que l’auteur dédia à la mémoire de son frère Jacques tombé en Champagne en automne 1915, je trouve un passage sur l’abbaye de Saint-Pierre-les-Dames. Cette abbaye occupe une place importante dans l’histoire de la famille de Lorraine et de Guise, ce que l’auteur rappelle dans ces quelques lignes:
Un autre quartier de la ville est riche en vestiges du XVIe siècle. Le cours Anatole-France, tout neuf, puis la rue de l’Université vous y conduiront. Traversez à gauche la tranquille place Godinot – du nom de ce chanoine rémois qui, au XVIIIe siècle, dota Reims de fontaines publiques. C’est là que s’élevaient, voici un siècle et demi, l’église et les bâtiments d’une célèbre communauté de femmes, l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre-les-Dames. La Renaissance y a justement laissé une foule de souvenirs : les abbesses reçurent alors à Saint-Pierre-aux-Nonnains, comme on disait, la visite d’hôtes royaux, depuis Marie de Lorraine, reine d’Écosse, mère de Marie Stuart, et Marie Stuart elle-même, tout enfant, jusqu’à Henri IV, cousin de l’abbesse Renée, et Anne d’Autriche, qui s’arrêta à Saint-Pierre en revenant du fameux pèlerinage de Liesse, où elle avait été demander à la Vierge la naissance d’un Dauphin. Rien ne subsiste de l’église détruite à la Révolution, et les pavillons qui s’élevaient encore avant la guerre rue Saint-Pierre-les-Dames sont en partie démolis. Ils étaient bâtis dans le style de la Renaissance, en pierre et briques incrustées de marbre et percées de très belles fenêtres avec appuis sur consoles et corniches sculptés » (p. 129-130).
Marie de Lorraine, reine douairière d’Écosse, visita au cours de son séjour français de 1550-1551 ce couvent où sa soeur cadette Renée de Lorraine (1522-1602) était abbesse. Sa fille Marie, reine d’Écosse, avait grandi en partie à Joinville (Haute-Marne) chez sa grand-mère Antoinette, duchesse de Guise. Devenue veuve, Marie Stuart séjourna au couvent chez sa tante Renée à la fin de l’année 1560 et en 1561, peu de temps avant son départ définitif pour son royaume écossais. Cette année-là, Saint-Pierre-les-Dames devient le lieu du dernier repos de sa mère, Marie de Lorraine, morte au château d’Édimbourg en juin 1560. Son cercueil avait enfin traversé la Manche pour être enterré dans l’église du couvent rémois. Le tombeau de cette reine d’Écosse d’origine champenoise y était visible jusqu’à la Révolution.
