Le mausolée de Claude de Lorraine, premier duc de Guise

Claude de Lorraine, premier duc de Guise, meurt le 12 avril 1550 au château de Joinville en Champagne. Peu après, sa veuve la duchesse Antoinette fait élever un monument funéraire dans l’une des chapelles de la collégiale Saint-Laurent, située à l’intérieur de l’enceinte du château. Cette église ainsi que la majorité des tombeaux qu’elle contenait, sont détruits à la fin du XVIIIe siècle. Dans La mère des Guises, Antoinette de Bourbon (1889), la biographie de la duchesse, Gabriel de Pimodan décrit ce tombeau :

Quatre cariatides demi-colossales soutenaient un entablement qui portait deux statues agenouillées, Guise et Antoinette. Devant le duc, sa couronne était posée sur une prie-Dieu drapé ; derrière les statues on voyait trois écussons et deux chiffres ou le C enveloppait l’A. Au fronton de l’entablement une plaque de cuivre portait l’inscription de Guise. Sous la voûte, un œil-de-bœuf entouré par deux amours éclairait un cénotaphe orné de bas-reliefs. Cette sorte d’autel supportait deux statues couchées représentant une seconde fois Guise et Antoinette. Mais tandis que sur l’entablement on avait montré les deux nobles époux âgés déjà et vêtus richement, sur le cénotaphe ils étaient jeunes et nus.

Des quatre cariatides qui ornaient le monument funéraire du duc et de la duchesse de Guise, deux seulement ont survécu à son démantèlement. Elles se trouvent aujourd’hui dans la chapelle Saint-Claude, annexe du Château du Grand Jardin de Joinville (Haute-Marne). D’autres fragments de la chapelle funéraire sont au Musée du Louvre et au Musée d’art et d’histoire de Chaumont. Dans les collections de ce dernier sont conservés deux haut-reliefs en albâtre représentant quatre Vertus, la Charité, la Libéralité, la Foi et l’Espérance, ainsi que deux bas-reliefs de l’artiste italien Domenico Ricoveri dit Dominique Florentin (vers 1506-1565), représentant La Charité du duc Claude de Lorraine et La Justice du duc Claude de Lorraine. Le musée de Chaumont conserve également la tête et les mains du priant d’Antoinette de Bourbon.

Ont également survécu plusieurs fragments en albâtre du sarcophage de Claude de Lorraine, une œuvre sculptée par le même Ricoveri, qui font partie des collections du Louvre. Il s’agirait de représentations de la guerre contre les « Rustauds », à savoir les paysans révoltés luthériens, menée victorieusement en 1525 par Claude et ses frères, notamment son frère aîné Antoine, duc de Lorraine. Le Louvre possède également les deux génies funéraires en albâtre, qui encadraient la lucarne au-dessus des gisants, et un écusson aux armes de Lorraine qui faisait partie du mausolée.

Antoinette, duchesse de Guise et ses fils François, nouveau duc de Guise et Charles, cardinal de Lorraine, ont organisé en juin 1550 des funérailles grandioses pour le premier duc de Guise. L’ensemble musical Entheos a enregistré le requiem, la Missa pro mortuis de Pierre Cléreau :

Grâce au texte interprété par la comédienne Valérie de La Rochefoucault, racontant les funérailles somptuaires de Claude de Lorraine, nous plongeons au cœur de ces cérémonies de 1550. Véritable acte politique, la mise en scène et la luxuriance des ors et des étoffes cherchent à montrer la puissance et la richesse de la dynastie des Guise. Ces fastueuses funérailles eurent lieu à Joinville et durèrent près de deux mois. Nous avons montré que la Missa pro mortuis de Pierre Cléreau est le Requiem chanté lors de la messe d’enterrement. Ce compositeur méconnu mêle ici des éléments italianisants au style franco-flamand. Ces alliances subtiles font la richesse de cette œuvre majeure jouée lors de l’une des plus grandioses cérémonies qu’ait vues le XVIe siècle.

Enfin, le dernier vestige du tombeau du duc et de la duchesse de Guise, la dalle en marbre noir sur laquelle se trouvaient les sculptures des deux défunts, est aujourd’hui au cimetière de Joinville. Sous cette dalle reposeraient notamment les restes de Claude de Lorraine, de sa femme Antoinette et de leur fils aîné François, second duc de Guise. Un simple panneau précise :

Leurs restes transportés ici le 22 novembre 1792 selon le vœu du peuple ont été recouverts de ce marbre à l’initiative de Louis Philippe Ier, Roi des Français avec le concours de la ville de Joinville le 13 septembre 1841.

Dalle en marbre noir provenant du tombeau (v. 1551-1552) du duc et de la duchesse de Guise et plaque commémorative. Cimetière de Joinville (Haute-Marne). Photo © A. Bächstädt, 2011.

3 Commentaires

  1. je connais d’autres vestiges de ce merveilleux mausolée de claude de lorraine
    didier.broyart@wanadoo.fr

    1. Cher Monsieur,
      merci pour votre intérêt à mon blog. N’hésitez pas à partager vos informations, je serai heureuse de compléter l’article.
      Cordialement A.B.

  2. […] Le tombeau de Claude de Guise : beautés de la Renaissance […]

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