Jusqu’au 18 octobre 2015, l’exposition « Trésors royaux, la bibliothèque de François Ier » au château de Blois ressuscite l’une des plus anciennes bibliothèques royales de France. Préparée depuis 2011 en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, elle est exceptionnelle par le nombre et par la qualité des livres présentés. Suite à la Révolution française, les livres des collections aristocratiques furent mélangés et reclassés, ce qui rend parfois leur provenance incertaine. L’exposition de Blois propose pour la première fois la reconstitution de la bibliothèque de François Ier du milieu du 16ème siècle, à l’endroit même de sa naissance. Elle réunissait trois bibliothèques distinctes:
- Les bibliothèques royales de ses prédécesseurs Louis XI, Charles VIII et Louis XII, et les livres provenant des saisies perpétuées dans les royaumes de Naples et Milan pendant les guerres d’Italie.
- L’héritage livresque de sa famille. Jean d’Angoulême, le grand-père de François Ier, avait tout loisir d’écrire, de lire et de collectionner des livres pendant sa longue captivité à Londres à la suite de la défaite de la bataille d’Azincourt. Charles d’Angoulême, le père de François et lui aussi bibliophile, puis sa mère, Louise de Savoie, possédaient aussi bien des textes antiques comme Tite Live, que des livres de prière. À cela s’ajoute la collection de la famille de son épouse Claude, fille de la reine Anne de Bretagne, ainsi que la saisie des livres de la famille Bourbon.
- Les livres du cabinet privé de François Ier.
Quelques volumes proviennent sans doute de la bibliothèque de jeunesse de François d’Angoulême, comme un manuscrit de géographie ou un livre de moral enluminé par Jean Bourdichon, qui nous renseignent sur l’éducation d’un jeune prince de la Renaissance. Parmi les reliures précieuses en soie, en cuir ou en broderies, certaines portent les armes de France, une nouveauté du début du règne de François Ier. Dans sa bibliothèque, on trouve des livres en Latin, en Grec et en Français, des livres uniques comme cet ouvrage de Pétrarque annoté par la main de l’auteur, et de nombreuses livres de la Kabbale et des sciences occultes, particulièrement appréciés par le roi et sa mère. La collection de François Ier contient notamment les Horae ad usum romanum ou Heures de Louis de Laval, le manuscrit le plus enluminé au monde.
La scénographie de l’exposition du château de Blois propose un parcours dans le cabinet du collectionneur royal, en reprenant la gamme de couleurs des enluminures. Peu de textes explicatifs perturberont l’expérience visuelle, accompagnée de plusieurs supports numériques et organisée d’une manière thématique et chronologique. Le terme en sera l’année 1544, date à laquelle François Ier fait transférer sa bibliothèque au château de Fontainebleau.
Haut-lieu touristique et culturel de la vallée de la Loire, le château royal de Blois est à la fois monument historique et lieu d’exposition, musée de France et lieu annuel des Rendez-vous de l’histoire. Sa construction s’étend entre le 9e et le 17e siècle. Entre 1845 et 1913, des travaux de restauration, de réaménagement et de décoration sont menés par les architectes Félix Duban, Jules de la Morandière et Anatole de Baudot, notamment dans des bâtiments de Louis XII et l’aile construite sous François Ier.
Le début des travaux de l’aile « François Ier » date du 17 juin 1515; elles dureront cinq ans. Avec ses éléments gothiques et ses galeries italianisantes inspirées du Vatican, son architecture forme une synthèse harmonieuse entre Moyen Age et Renaissance. Le château de Blois est ainsi le premier chantier du nouveau roi de France. Dans cette aile se trouvait aussi la bibliothèque de François Ier. Aujourd’hui, rien ne subsiste de ses locaux, situés alors à actuelle l’emplacement de l’aile Mansart ou aile Gaston d’Orléans, érigé au 17e siècle. Les livres de la bibliothèque furent transférés dès 1544 à Fontainebleau, par ordre du roi lui-même. La bibliothèque de François Ier n’est pas la première d’un roi de France : depuis une trentaine d’années, l’intégralité des collections de livres royales est transmise à l’héritier de la couronne. À partir du règne de Louis XI, manuscrits enluminés, incunables et livres imprimés ne sont plus dispersés entre les enfants royaux, mais passent de monarque en monarque et constituent ainsi la future collection nationale.
Toutes les œuvres exposées ont été numérisées à cette occasion, 300 environ sont déjà disponible sur Gallica. Depuis le 7 septembre 2015, une exposition complémentaire, « Le siècle de François Ier« , a ouvert au domaine de Chantilly près de Paris.