25 octobre 1415, sur un terrain vallonné près du village d’Azincourt dans le Nord du royaume de France. Henry V, le jeune roi d’Angleterre, a vaincu la puissante armée de Charles VI et s’est approché un peu plus de son but d’unir sous sa personne les royaumes d’Angleterre et de France. Un projet de mariage franco-anglais existe depuis 1409 mais les années ont passé et le roi est resté célibataire. La victoire d’Azincourt est l’occasion de relancer les négociations, d’autant plus que la reine de France, Isabeau, semble se désintéresser de son fils aîné et que le père de celui-ci, le roi Charles VI, est un homme malade. Après des années de tractations, l’alliance si longtemps espérée prend forme et Henry V Lancaster épouse le 2 juin 1420 à Troyes Catherine, sixième fille et dixième enfant des roi et reine de France. Un hasard extraordinaire a conservé le visage de cette princesse française devenue reine d’Angleterre à dix-neuf ans.
Ce visage représente la reine Catherine à trente-six ans. Il s’agit de son effigie funéraire, l’un des très rares exemplaires conservés de cette époque. Ce portrait en pied en bois sculpté, enduit de plâtre et peint, a traversé les siècles et est exposé aujourd’hui dans les Queen’s Diamond Jubilee Galleries de l’Abbaye de Westminster. En 1437, lors des funérailles de la reine Catherine dans l’abbaye de Westminster à Londres, ce mannequin en bois portait des vêtements et bijoux somptueux. Le corps embaumé de la reine défunte restera exposé auprès de la tombe de son mari pendant plus de trois siècles.

L’effigie funéraire de son époux Henry V, faite d’argent doré, d’argent et bois de chêne, n’a pas survécu. Son portrait, aujourd’hui conservé à la National Portrait Gallery de Londres, date de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle. Ce tableau est probablement une copie tardive d’un tableau d’épousailles datant d’environ 1419, sur lequel Henry V tenait en sa main gauche une fleur, peut-être une rose ou un œillet. La représentation du roi de profil semble confimer cette théorie. L’original possédait peut-être un pendant, vraisemblablement un portrait de Catherine de Valois.
La vie commune du couple franco-anglais en France est brève. Après la naissance de leur unique enfant en décembre 1421, le roi Henry V meurt le 31 août 1422 au château de Vincennes. Catherine s’installe alors en Angleterre où elle se remarie avec un écuyer gallois, Owen Tudor. De cette union naissent trois fils dont Edmund, né en 1430, l’un des demi-frères du roi Henri VI qui, le 16 décembre 1431, est couronné roi de France dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Or, deux ans avant cette cérémonie parisienne, l’oncle du jeune roi, Charles VII, a été sacré roi de France à Reims.

Après la défaite des troupes anglaises à la bataille de Castillon en 1453, Henri VI d’Angleterre perd définitivement le trône de France. En 1461, il perd aussi la couronne d’Angleterre et meurt en 1471, peut-être assassiné. Ni sa mère la reine douairière Catherine, ni son demi-frère Edmund Tudor, comte de Richmond qui épouse en 1455 lady Margaret Beaufort, verront le visage de l’héritier du trône. En 1457, à quatorze ans, la princesse Margaret met au monde leur unique enfant, né après la mort de son père et nommé Henry d’après son grand-père. Ce petit-fils de Catherine de Valois devient en 1485 Henry VII d’Angleterre, le fondateur de la dynastie Tudor.
Les dynasties Lancaster et Tudor (1413-1485)
Henry V (1386-1422), roi d’Angleterre en 1413.
Henry VI (1421-1471), roi d’Angleterre à neuf mois (1422), roi de France à dix ans (1431).
Edmund Tudor (m. 1457), comte de Richmond, père d’Henry VII.
Margaret Beaufort (1443-1509), comtesse de Richmond et Derby, mère d’Henry VII.
Henry VII (1457-1509), roi d’Angleterre en 1485.