Mademoiselle de Guise, l’autre Marie de Lorraine

Près de 100 ans après la naissance de Marie de Lorraine, fille aînée du premier duc de Guise et reine et régente d’Écosse, vient au monde une autre Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise. L’histoire de la branche aînée de la famille de Guise débute ainsi en novembre 1515 avec une fille nommée Marie, et s’achève en mars 1688 avec la mort d’une autre Marie née en août 1615.

Daniel Dumonstier, Portrait de la duchesse de Guise, dessin au crayon de couleur, 1627. Chantilly, musée Condé. Photo © RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojeda.

Contrairement à sa cousine du seizième siècle, « Mademoiselle de Guise » ne s’est jamais mariée. Marie de Lorraine aime la musique comme son aïeul Claude, premier duc de Guise. Dans son l’hôtel particulier rue du Chaume à Paris, la princesse accueille des hommes de lettres et des poètes comme Pierre Corneille, des musiciens comme le compositeur Marc-Antoine Charpentier, qui y loge un temps mais aussi François-Roger de Gaignières, écuyer de la princesse depuis 1675, qui y occupe un appartement de quatre pièces composée d’une cuisine, d’une écurie et d’un débarras qu’il habite jusqu’en 1701. L’hôtel particulier a été acquis en juin 1553 par Anne d’Este, duchesse de Guise et son époux François de Lorraine, second duc de Guise et frère aîné de la première Marie de Lorraine. Le couple princier entreprend d’importants travaux dans ce qui fut autrefois l’hôtel de Clisson. Devenu l’hôtel de Soubise en 1701, les lieux accueillent aujourd’hui les Archives Nationales.

Marie de Lorraine meurt le 3 mars 1688, léguant son hôtel parisien à Charles François de Stainville, comte de Couvonges (1637-1706). Or, le Parlement de Paris casse le testament par arrêt du 26 avril 1689 et accorde la succession à ses héritiers naturels, la maison d’Orléans.

Selon une légende née probablement à Pont-à-Mousson, la mort de l’ultime descendante de la branche aînée des Guise aurait été annoncée par l’une de ses ancêtres la duchesse de Lorraine Philippe. Retirée au couvent mussipontain Sainte-Claire pendant près de vingt ans, morte en 1547, Philippe de Gueldres communique désormais depuis sa tombe. En effet, lit-on dans La vie de la Sérénissime Philippe de Gueldres, reine de Jérusalem et de Sicile, « lorsque quelque Prince de la Serenissime Maison de Lorraine, doit mourir, ou qu’il doit leur arriver quelque chose funeste, elle paroîtra (aux personnes sages & judicieuses qui l’aprendront) digne de leur remarque. En effet on ne manque jamais d’entendre de grands bruits sous le tombeau de la V[énérable] Philippe à la mort de quelques Princes de sa Maison ». L’illustre aïeule se manifeste donc comme d’habitude pour annoncer la mauvaise nouvelle :

Lorsque Mademoiselle de Guise Marie de Lorraine mourut le troisieme Mars 1688, un mois auparavant on entendit de ces bruits, & l’on ne doûta pas que le Seigneur ne dût retirer de ce monde quelque personne de cette Illustre Famille. Le témoignage qu’en rendit l’Abbesse de ce tems-la & toute sa Communauté, lorsqu’il fut question de les entendre là-dessus, ne nous permet pas d’en douter.

D’après la page de titre, La vie de la Sérénissime Philippe de Gueldres fut imprimée en 1627. Comment l’auteur aurait pu mentionner la mort de Mademoiselle de Guise survenue soixante ans après ? Sans doute un nouveau miracle de la vénérable duchesse douairière de Lorraine !

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