L’histoire des cabinets de curiosités (exposition à Poitiers 2013-2014)

ExpoLicorneBezoard

Le cabinet de curiosités naît au 16eme siècle, à une époque où l’homme s’intéresse de près aux objets, qu’ils soient d’origine naturelle ou artistique. D’abord simple accumulation de curiosités de tout genre – minéraux, animaux exotiques, coraux, objets précieux, plantes et fossiles -, ces objets sont par la suite classifiés et exposés. Le cabinet de curiosités se transforme d’abord en «abrégé du monde», puis en véritable musée. Le musée Sainte-Croix de Poitiers proposait jusqu’en mars 2014 l’exposition « La licorne et le bézoard », qui mettait en avant l’obsession de collectionner ce qui est différent, surprenant, rare et beau. Le cabinet de curiosités se transformait rapidement en véritable engouement européen; il reflétait la personnalité éclectique du collectionneur.

Portrait d'Antonietta Gonzalez ou Gonsalvus, vers 1594-1595

Lavinia Fontana, portrait d’Antonietta Gonzalez ou Gonsalvus, vers 1594-1595 © F.Lauginie/Chateau de Blois

À la Renaissance, l’arrangement qualitatif des objets collectionnés et la distinction entre science et magie n’existaient pas encore. Une hiérarchisation des objets ne débute qu’au 17eme siècle. Dans l’exposition de Poitiers, on présentait une « évocation d’un cabinet de prince inspiré de celui du château d’Ambras (Autriche) » qui « se distingue par le caractère luxueux des collections mais aussi par le mélange avec des objets considérés aujourd’hui comme triviaux relevant de l’armement. »

La Kunst- und Wunderkammer du château d’Ambras à Innsbruck en Autriche est d’ailleurs le seul cabinet de curiosités maniériste conservé dans son intégralité, conçu à la fin du 16eme siècle à l’endroit même où il se trouve toujours.

Parmi les animaux, les plantes et les objets divers, l’exposition de Poitiers présentait le portrait d’Antonietta Gonzalez (ci-dessus), dont la forte pilosité ne diminue pas la dignité, soulignée par ses vêtements luxueux. Le mélange entre objets et êtres humains dans un cabinet de curiosité ne choquait personne à l’époque; il était l’expression de la fascination pour la différence et l’unique.

Les cabinets de curiosités européens sont recensés sur le site curiositas.org. On découvre parmi ceux du 16ème siècle les châteaux français de Blois, d’Amboise et de Chenonceau, puis le trésor de la Saint-Chapelle de Bourges. En Angleterre, sont recensés ceux de la Tour de Londres, de White Hall et du palais de Hampton Court.

« La licorne et le bézoard. Une histoire des cabinets de curiosités d’hier à aujourd’hui. » Une exposition organisée par le Musée Sainte-Croix et l’Espace Mendès France à Poitiers en 2013-2014.

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