En Écosse, Marie de Guise est toujours présente, car elle n’est pas seulement la mère de Marie Stuart et une des reines de ce pays qui était indépendant au 16e siècle, mais aussi parce que les palais et châteaux qu’elle habitait, ont en grande partie survécus. Certains entre eux, comme le palais de Linlithgow, sont aujourd’hui en ruines, mais d’autres, comme le palais de Stirling, ont été restaurés et réaménagés pour évoquer l’époque de leur splendeur à la Renaissance. En France en revanche, la plus grande partie des endroits où Marie de Guise a vécu a disparu, parfois intégralement, comme le château de Joinville en Haute-Marne. Le château de Châteaudun, où Marie a vécu pendant son premier mariage avec le duc de Longueville, existe toujours, mais sa tombe grandiose, érigée dans une église de Reims par son frère, le cardinal Charles de Lorraine, a été détruite pendant la Révolution, ainsi que l’église où elle se trouvait.
Je vais tenter un inventaire de ces lieux disparus, et qui ont marqué la vie de Marie de Guise. Je commence avec le lieu de sa naissance, en novembre 1515 : le château de Bar, aujourd’hui Bar-le-Duc.
Frédéric, duc de Haute Lorraine, érige au 10ème siècle un château fort sur l’éperon rocheux qui domine la vallée de l’Ornain. Étoffé au cours des siècles par des logis, des communs et la collégiale Saint-Maxe, l’ensemble est depuis le 13eme siècle protégé par une double enceinte et revêt un aspect défensif.
À l’aube de la Renaissance, l’ancien château militaire est transformé en palais par le grand-père de Marie, René II de Lorraine (1473-1508). À la mort de ce dernier, son fils aîné Antoine devient duc de Lorraine. Il se marie le 26 juin 1515 au château d’Amboise avec Renée de Bourbon-Montpensier.
Claude de Lorraine, frère cadet d’Antoine, et sa femme Antoinette de Bourbon-Vendôme se sont mariés deux ans plus tôt, à Paris en 1513, et sont installés au château de Bar. En novembre 1515, Antoinette y accouche de sa fille Marie, premier parmi de nombreux enfants à venir. Claude, lui, est en Italie aux côtés du roi François Ier et de son armée, qui, en septembre, avait gagné la bataille de Marignan et pris les villes de Milan et Gênes.
L’ensemble du château et de la ville de Bar est encore représenté dans le Civitates Orbis Terrarum, publié en 1617. Les bâtiments seront toutefois délaissés et négligés, et en 1670, ceux-ci et les remparts sont démantelés sur ordre de Louis XIV. Du château ducal ne reste que le Neuf-Castel, érigé par le duc Charles III (1545-1608), qui prend appui sur la salle d’audience de la Chambre des Comptes (1523) et la salle du Trésor des Chartes construite peu avant par René II. Aujourd’hui, le Musée barrois y est installé. Quelques sculptures supposées provenir, selon le dépliant du musée, de l’ancien château – les Apôtres qui ont probablement orné les tombeaux des ducs, et les Chiens affrontés de Pierre de Milan, sculpteur à la cour de René Ier d’Anjou, grand-père de René II de Lorraine – sont tout ce qui reste de l’endroit ou est née Marie de Lorraine, premier enfant de la lignée des Guise, cette famille « d’étrangers » qui devrait marquer la France du 16eme siècle.
A reblogué ceci sur Marie Macpherson.